« Adheghath » du Théâtre régional de Batna Une quête d’identité au-delà des apparences

La pièce « Adheghath », écrite par Wahid Metahri, d’après l’oeuvre du dramaturge turc Aziz Nesin, et mise en scène par Chawki Bouzid, a été présentée, le jeudi 26 décembre 2024, dans le cadre du Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP). Produite par le Théâtre régional de Batna (TRB), cette œuvre explore les fractures psychologiques et émotionnelles engendrées par les blessures invisibles de la vie quotidienne. Au cœur de cette pièce se trouve Hanane, rôle joué par Narimane Yarbah, une jeune femme marquée par un traumatisme vécu durant son enfance à l’école. Ce poids mémoriel, source de moqueries et de rejet, devient le point d’ancrage d’une fracture intérieure profonde. Ce traumatisme, loin de se limiter à une souffrance physique, affecte sa perception d’elle-même et des autres, la conduisant à un dédoublement symbolique sur scène.
Dans les premiers instants, Hanane apparaît maigre, tandis que ses parents, Zahia (Yousra Daikha) et Djamel (Mohamed Bouafia), sont représentés sous des formes généreuses. Ce contraste visuel incarne la distorsion de sa perception et la façon dont elle projette ses propres insécurités sur son entourage. Hanane traite chez un psychologue, Houcine, qui est, en fait, un imposteur et un destructeur, menaçant l’équilibre de sa famille. Mais à mesure que l’histoire progresse, le spectateur découvre que tout ce qui se passe sur scène n’est que le reflet des tourments psychologiques d’Hanane.
L’intrigue s’ouvre sur Zahia, une mère tourmentée par de profondes préoccupations, et sa fille Hanane, qui célèbre ses 19 ans dans une atmosphère familiale chargée de tensions. Cette atmosphère s’alourdit davantage avec l’arrivée de Houcine. Sans aucune qualification réelle, il s’introduit dans la dynamique familiale tel un catalyseur de conflits, amplifiant les vulnérabilités psychologiques et relationnelles de chacun.
À la fin de la pièce, Hanane revient à elle-même, confrontant la réalité, elle est en surpoids, et toutes les interactions sur scène, les conflits, et les déchirements familiaux sont le produit de son esprit traumatisé. La pièce révèle la puissance du trauma et son impact sur la perception de la réalité. Elle met également en lumière la lutte intérieure pour accepter son corps et surmonter les blessures du passé.
Durant une heure, « Adheghath » offre une réflexion universelle sur les blessures invisibles que chacun porte en soi. La pièce invite à une introspection sur la manière dont les traumatismes peuvent modeler la perception et influencer les relations avec les autres. En fin de compte, elle souligne l’importance de la résilience et de l’acceptation de soi comme étapes cruciales vers la guérison. L’œuvre rappelle que derrière chaque façade se cache une histoire, et que la véritable force réside dans la capacité à affronter ses propres démons. Il s’agit également d’une invitation à la réflexion sur ce que peut être une occupation qui vient de l’extérieur, symbolisée par la manœuvre de Houcine ayant poussé la famille de Hanane à vendre la maison.