Le Théâtre régional Mohamed-Tahar Fergani de Constantine a présenté, le dimanche 29 décembre à 15h, la pièce « Al Thairoun » (les révoltés) à la grande salle Mustapha-Kateb du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, à la faveur de la compétition de la 17e édition du Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP).
Créée dans le cadre des célébrations du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, « Al Thairoun » est une sorte d’épopée théâtrale qui plonge les spectateurs dans l’histoire des résistants algériens du XIXe siècle. Écrite par Djallal Khechab et mise en scène par Karim Boudchiche, cette œuvre historique est marquante par la force de son propos et la qualité de son interprétation. Les textes poétiques du spectacle, ont été écrits et déclamés avec une grande fluidité – notamment lors du passage de l’arabe dialectal au classique puis au français – par le comédien Mohamed Tahar Zaoui, qui incarne le narrateur de cette pièce.
L’intrigue d’Al Thairoun » se concentre sur la figure héroïque d’Arezki Oulbachir (1857-1895), résistant emblématique de Grande-Kabylie qui a mené un combat farouche contre l’occupation coloniale française. La pièce met en lumière son courage, sa détermination, l’injustice qu’il a subie et son sacrifice pour la liberté de son peuple. A travers le personnage d’Arezki Oulbachir, la pièce raconte l’histoire d’un jeune homme déterminé à résister face à l’oppression coloniale, allant jusqu’à rédiger une lettre qui défiera et bouleversera l’administration coloniale. Dans le contexte de son époque, Arezki Oulbachir, après avoir réuni une Tajmaât pour discuter des mesures à prendre contre les injustices commises par le colonisateur, se voit accusé à tort du vol d’un appartement, ce qui le pousse à rejoindre le maquis et à poursuivre sa lutte armée avec un courage sans faille. En plus de retracer les événements historiques, la pièce explore la complexité des personnages, et montre le combat des hommes, mais aussi celui des femmes, à travers les figures de l’épouse d’Arezki, de sa mère et de sa sœur.
La pièce réunit sur scène 27 comédiens, issus de plusieurs générations et régions, dont certains des plus grands noms du théâtre constantinois. On retrouve parmi eux des artistes expérimentés et des jeunes talents, notamment le doyen Abdallah Hamlaoui, Oussama Boudchiche, Najla Tarli, Rabie Adjaout, Ramzi Labiod, Amar Tayri, Mohamed Delloum, Atika Belezma, Djamel Mezouari, et bien d’autres, chacun apportant sa touche personnelle à la richesse de cette production.
La scénographie, conçue par Boukhari Hebbal, est à la fois fonctionnelle et poétique, alternant les décors d’intérieurs et d’extérieurs. On retrouve notamment un champ d’oliviers, symbole de la terre et de la lutte, ainsi que des jeux de lumière en clair-obscur qui intensifient la dimension dramatique de la pièce, soulignant les moments de tension et d’émotion. Cette mise en scène a permis aux spectateurs de ressentir avec force l’âpreté des combats, tant physiques que moraux, menés par les personnages. La chorégraphie, signée Riadh Beroual, a illustré l’intensité des combats et des épreuves, tandis que la musique, composée par Bensalah Zekri, a renforcé l’atmosphère générale de l’œuvre.
