Le Théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran, a présenté, le 29 décembre 2024, sa pièce « Hadjr Sabr » (Pierre de patience), dans la compétition officielle de la 17ᵉ édition du Festival national du théâtre professionnel (FNTP). Adaptée par Mourad Senouci, directeur du TRO, du roman de l’écrivain franco-afghan Atiq Rahimi, et mise en scène par Moulay Meliani Mohammed Mourad, la pièce explore les ravages de l’extrémisme religieux et les souffrances humaines qu’il engendre.
L’intrigue transporte les spectateurs dans un pays dévasté par les violences de l’extrémisme, où les destins individuels sont brisés par le chaos ambiant. L’histoire est centrée sur une femme dont la vie oscille entre espoir et désespoir. Mariée depuis dix ans à un homme devenu stérile, elle décide de recourir à des moyens extrêmes pour préserver l’unité de son foyer. De cette quête naissent deux enfants, fruits de pratiques douteuses imposées par des charlatans.
Son mari, ancien combattant, est victime d’une balle qui ne le tue pas mais le plonge dans un état végétatif. Installé dans un fauteuil roulant dans une chambre lugubre, il survit grâce à des perfusions, tandis que sa femme veille sur lui avec une dévotion mêlée de culpabilité et de résignation.
À travers des récits qu’elle partage avec son mari inconscient, semblables à ceux des Mille et Une Nuits, la protagoniste tente de s’évader d’une réalité oppressante. Ces histoires, empreintes de poésie, révèlent un profond désir d’espoir, mais leur inachèvement laisse entendre que le bonheur est souvent construit sur des sacrifices douloureux.
Sur scène, un fauteuil roulant placé au centre devient un symbole de la souffrance et de la résilience, tandis que les arrière-plans, ornés de visages dessinés, reflètent la diversité des émotions humaines et l’universalité de la douleur. La présence d’un tissu rouge au sol, contrastant avec les tons sombres des costumes et des décors, suggère la violence et le sacrifice, tout en évoquant la passion et l’espoir. Chaque élément scénographique, conçu par le metteur en scène, participe à créer une atmosphère à la fois oppressante et poétique, plongeant le spectateur dans l’intensité du récit.
Avec un casting réunissant Amina Belhocine, Rara Mohamed El Amine et Ahed Sofiane, « Pierre de patience » transcende le simple récit de souffrance. Elle invite à une réflexion profonde sur les cicatrices laissées par l’extrémisme et les voies possibles pour les surmonter. Portée par une narration puissante et une esthétique soignée, cette œuvre mêle habilement poésie et tragédie, offrant un miroir poignant des réalités passées tout en explorant les défis de la reconstruction humaine et sociale.