La grande salle de spectacles Mustapha-Kateb du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) a accueilli, lundi 23 décembre à 20h, la représentation de la pièce « Ras el Mahna », dans le cadre de la compétition du 17e Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), qui se tient jusqu’au 30 décembre.
Produite par le Théâtre régional d’El Eulma (TRE), écrite et mise en scène par Mohamed Tayeb Dehimi, « Ras el Mahna » raconte l’histoire d’Adel, un peintre passionné plongé dans un dilemme moral et artistique. Un jour, il reçoit la visite de Lazrag, un expert en art influent en même que haut responsable, qui lui demande de réaliser un portrait de lui-même, une peinture censée retracer ses exploits factices et sa grandeur. Mais c’est sans compter l’apparition de Mounira, la fiancée d’Adel, qui se présente avec un groupe d’agriculteurs lui demandant de sculpter un martyr, figure emblématique de la lutte pour la liberté.
Pris dans un tourbillon de pressions contradictoires, Adel doit faire face à des choix existentiels. D’un côté, Lazrag, qui tente de manipuler l’art à ses fins personnelles, et de l’autre, un engagement moral et artistique qui le pousse à défendre l’intégrité de son art et la vérité historique. Entre conformisme et résistance, le personnage se trouve dans un conflit intérieur intense : renoncer à ses idéaux ou céder à la manipulation pour préserver sa carrière. Ce dilemme, qui traverse toute la pièce, pousse le spectateur à se questionner sur la place de l’artiste dans une société où les valeurs fondamentales sont souvent dévoyées.
A travers cette œuvre, Mohamed Tayeb Dehimi cherche à éveiller les consciences sur les dangers qui guettent les artistes dans un monde où l’intégrité est parfois sacrifiée au profit de la manipulation et du profit. C’est comme un cri d’alarme et un hommage à ceux et celles qui, malgré les difficultés, défendent l’art pur et l’intégrité, quels que soient les obstacles. Ce drame poignant interroge le rôle de l’artiste dans le monde moderne et la capacité de chacun à résister. La pièce invite également à une réflexion sur l’avenir de l’art et son rôle dans la société, ainsi que sur la lutte des artistes pour se préserver eux-mêmes et leur art.
La mise en scène sobre et efficace a su jouer sur la simplicité des décors et des accessoires pour renforcer l’intensité dramatique de l’histoire. Quelques éléments de décors, un travail sur les ombres chinoises et un jeu de lumière subtil permettent de passer d’un espace à un autre, marquant les frontières entre l’intimité des personnages et les grandes questions qu’ils soulèvent. La scénographie a été signée par Ramzi Badji, tandis que la pièce a été interprétée par les comédiens Bensehila Mohamed Amine, Dehimi Nedjma, Bousefsaf Lotfi, Amrane Rabah, Kamela Wissam Chahrazad, et Kacimi Mohamed Rassem. En somme, la pièce « Ras el Mahna » est une invitation à réfléchir sur l’art, la liberté, l’engagement et la vérité.
