Présentée sur les planches du Théâtre National Mahieddine Bachtarzi, Schizophrénie en trois dimensions, texte de Akram Atma et mise en scène et scénographie de Zerouk Nakaa, a plongé les spectateurs dans l’univers tourmenté d’un hôpital psychiatrique. Si la pièce a su capter l’attention par son intensité dramatique et l’interprétation remarquable de son jeune acteur principal, Tahar Ben Safieddine, elle n’a pas échappé aux critiques, tant sur le fond que sur la forme.
Jouée en arabe classique, la pièce montée par le théâtre régional de Laghouat, a suscité des débats animés parmi les spécialistes présents. Plusieurs intervenants ont regretté les erreurs répétées dans la maîtrise de la langue, qui, selon eux, ont perturbé la fluidité des dialogues et affaibli l’impact de certaines scènes clés. Ce choix linguistique ambitieux a néanmoins divisé le public : devait-on privilégier la précision du dialecte ou oser la noblesse de l’arabe classique malgré ses écueils ?
Jouée en arabe classique, la pièce montée par le théâtre régional de Laghouat, a suscité des débats animés parmi les spécialistes présents. Plusieurs intervenants ont regretté les erreurs répétées dans la maîtrise de la langue, qui, selon eux, ont perturbé la fluidité des dialogues et affaibli l’impact de certaines scènes clés. Ce choix linguistique ambitieux a néanmoins divisé le public : devait-on privilégier la précision du dialecte ou oser la noblesse de l’arabe classique malgré ses écueils ?
Le piège des sentiers freudiens
Sur le plan narratif, le texte de la pièce, bien que riche en symbolisme, a été critiqué pour son enfermement dans les « chemins freudiens classiques », selon certains spécialistes du 4e art présents au débat qui a suivi la pièce à l’espace M’hamed Benguettaf du TNA. L’exploration des méandres de la psyché humaine et des conflits intérieurs des personnages, bien que fascinante, a laissé peu de place à des interprétations novatrices.
Akram Atma, auteur de la pièce, présent au débat, s’est défendu en affirmant que le psychodrame, par nature, impose des contraintes narratives exigeantes. Selon lui, « il vaut mieux s’enfermer dans la boîte que de s’aventurer en dehors. » Pour Atma, le défi véritable réside dans l’art de suivre les chemins classiques sans trébucher. « L’innovation, bien qu’essentielle, facilite les choses ; en revanche, suivre des sentiers tracés requiert une discipline rigoureuse. »Au-delà des controverses, l’interprétation de Tahar Ben Safieddine a unanimement impressionné. Portant sur ses épaules le rôle complexe d’un schizophrène en quête de liberté, le jeune acteur a su captiver par sa gestuelle maîtrisée et son intensité émotionnelle. Son jeu a transcendé les failles linguistiques et narratives, offrant aux spectateurs une immersion poignante dans les dilemmes existentiels de son personnage.
Un théâtre qui ose, malgré toutSchizophrénie en trois dimensions n’est pas sans défauts, mais elle témoigne d’un théâtre algérien qui continue d’oser, d’expérimenter et de provoquer le débat. La pièce a surtout permis à de jeunes premiers de montrer tout leur talent.
Si l’arabe classique a montré ses limites dans ce contexte, il reste un terrain à explorer pour ceux qui osent relever le défi. Quant aux sentiers classiques de la psychanalyse, ils rappellent que le théâtre, parfois, trouve sa force dans les contraintes mêmes qu’il impose.