Mardi 24 décembre 2024, étudiants et spécialistes du 4e art se sont retrouvés autour d’une conférence portant sur le projet des archives du Théâtre national algérien (TNA). Mohamed Bourahla et Rabah Houadef ont pris la parole pour expliquer en détail la problématique et les objectifs de cette initiative majeure.
Le lancement de la plateforme numérique des archives du TNA constitue une étape clé dans la préservation et la diffusion du patrimoine théâtral algérien. Marquant le 60e anniversaire de la création de l’institution, ce projet a pour ambition de rendre accessibles des informations essentielles sur les productions théâtrales de 1963 à nos jours. Initialement disponible localement, la plateforme sera bientôt accessible en ligne, offrant ainsi un accès plus large au riche héritage du théâtre algérien.
Une plateforme innovante pour faciliter l’accès aux archives
Cette plateforme propose une interface intuitive permettant aux utilisateurs d’explorer des données détaillées sur les productions théâtrales de la période 1963-1972. Elle rassemble des informations sur 39 pièces de théâtre, ainsi que des données sur les comédiens, techniciens, affiches et dates de production. Le projet prend également en compte l’impact du public, avec plus de 500 000 spectateurs enregistrés, soit une moyenne de 402 spectateurs par spectacle. Ce projet vise à offrir aux chercheurs, étudiants, journalistes et professionnels du théâtre un outil de recherche avancée pour mieux comprendre les enjeux de la scène théâtrale algérienne.
Préserver et transmettre l’héritage théâtral algérien
Au-delà de la numérisation des archives, le projet s’inscrit dans une démarche de transmission de la mémoire théâtrale. En rendant ces archives accessibles en ligne, le TNA permet de conserver un patrimoine précieux tout en ouvrant de nouvelles perspectives de recherche pour les générations futures. Par ailleurs, les communications présentées lors des tables rondes seront publiées périodiquement sous le titre « Les Cahiers des Archives », offrant ainsi un moyen de garder une trace des débats et d’approfondir la compréhension des enjeux de la création théâtrale en Algérie.
Rabah Houadef est revenu sur la genèse du projet, précisant que l’idée a émergé en mai 2023, bien que les premiers travaux aient commencé en avril 2017. Le lancement officiel a eu lieu en juin 2024, après une interruption due à la pandémie de Covid-19. Cinq rencontres sont programmées pour aborder les étapes suivantes du projet, couvrant la période de 1973 à 1980. Cinq théâtres seront impliqués dans cette phase, à savoir le TNA, le Théâtre Regional de Constantine, le Théâtre Régional d’Oran, ainsi que ceux de Annaba et de Sidi Bel Abbès. Ces institutions seront chargées de classifier et d’archiver les productions théâtrales de cette période, en suivant une feuille de route précise.
Le théâtre national se concentrera sur les œuvres de Medjoubi, Ayad et Benguettaf, tandis que celui de Constantine s’intéressera à l’écriture collective dont il a fait une expérience unique. Le théâtre d’Annaba se penchera sur les contributions de Djamel Marir, d’El Hachmi Nourredine et de Sid Ahmed Agoumi, tandis que le Théâtre d’Oran se focalisera sur l’œuvre d’Alloula. Enfin, le théâtre de Sidi Bel Abbès explorera l’expérience de Kateb Yacine. Les cinq théâtres auront pour mission d’examiner minutieusement ces différents aspects.
Une journée d’étude importante portera, aussi, sur l’analyse des théâtres et de leurs idéologies, notamment à travers l’étude de l’influence des idées suprémacistes sur le théâtre notamment celui de Bertolt Brecht. On abordera aussi le thâéatre engagé comme celui de Kateb Yacine, Nourredine Abba et Mohamed Diab.