Les recommandations du jury Regards croisés sur l’activité théâtrale

Le jury du 17e Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), édition dédiée à Nadia Talbi, a rendu son verdict, lundi 30 décembre, récompensant du Grand Prix le spectacle « Safinat Caledounia » (Bateau Calédonie) du Théâtre régional de Tizi-Ouzou.
Présidé par le Pr Lakhdar Mansouri, et composé de l’universitaire et comédienne Dalila Nouar, du dramaturge et metteur en scène Youcef Taouint, du metteur en scène Rabie Guichi, et du compositeur Salsabil Baghdadi, le jury a rendu son verdict après avoir assisté à 19 représentations inscrites dans le cade de la compétition, représentant le Théâtre national algérien, une association, ainsi que 17 théâtres régionaux.
Dans ses recommandations, lue par Dalila Nouar, le jury a d’abord souligné « la riche offre de créations algériennes qui révèle l’état actuel du théâtre en Algérie, un théâtre que nous espérons voir évoluer vers l’avenir, répondant aux besoins artistiques, esthétiques et sociaux du peuple algérien, avec des démarches solides soutenues par le ministère de la Culture et des Arts à travers l’organisation du FNTP ». Avant de rentrer dans le vif du sujet et présenter ses 12 recommandations, il a également salué les efforts des organisateurs du festival, tout en encourageant « à impliquer les jeunes talents dans l’organisation ».
En raison du contexte spécial de cette édition, célébrant le 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le jury a accepté, à la demande du commissariat du FNTP, de suspendre exceptionnellement l’article 8 du règlement du festival, stipulant qu’un seul travail peut être présenté en compétition par artiste. Il a tenu aussi à saluer le nombreux public qui a assisté aux représentations tout au long du festival, tout en appelant « à ouvrir les canaux de communication et de programmer les spectacles à la télévision afin que le plus grand nombre de personnes puisse suivre les événements du festival », conformément à l’accord signé le mois dernier entre les ministères de la Culture et des Arts et de la Communication, à travers l’Entreprise publique de Télévision (EPTV), le Théâtre national algérien et le Centre algérien de développement du cinéma (CADC).
Compte tenu de la variété de créations et du grand nombre d’artistes participants, et en accord avec les organisateurs, le jury a décidé de créer cinq prix d’encouragement : il s’agit des prix du meilleur Espoir féminin et masculin, de la meilleure interprétation dans un second rôle (féminin et masculin) et de la meilleure Chorégraphie.
Le jury a constaté que la narration historique et politique est trop souvent utilisée au détriment des éléments dramatiques essentiels à l’art théâtral. Il a appelé « les metteurs en scène algériens à renouveler leurs visions de la mise en scène et à les exprimer clairement, en mettant l’accent sur la direction d’acteurs comme élément central de la création théâtrale ».
Insistant sur la nécessité d’un travail de précision linguistique pour les spectacles en langue arabe, il a suggéré d’impliquer des spécialistes, tout en recommandant d’améliorer la visibilité des spectacles, en particulier le marketing des œuvres à travers les réseaux sociaux, et de corriger les erreurs linguistique dans les brochures des spectacles.
Les jurés ont proposé d’archiver les productions théâtrales dans tous les aspects artistiques et techniques et de les conserver pour les générations futures, tout en envisageant la possibilité de remettre une copie aux universités et instituts de formation. Notant que certains spectacles ne respectaient pas les droits d’auteur en matière de musique, avec des œuvres attribués à tort, le jury a insisté sur le respect de ces droits dans les documents de communication pour garantir l’éthique professionnelle.
Pour lui, il convient également de donner la priorité aux troupes primées lors du FNTP pour représenter l’Algérie dans des festivals internationaux. Il a aussi appelé le ministère de la Culture et des Arts à soutenir davantage le FNTP, matériellement et moralement afin de le développer et de le pérenniser, tout en proposant la création d’une revue nationale académique de critique théâtrale, accompagnant l’activité théâtrale en Algérie et rassemblant chercheurs et critiques consolidant l’idée que la création théâtrale repose sur la critique.
Tout en affirmant qu’il est essentiel que les artistes participants puissent assister à toute la durée du festival, le jury a recommandé, enfin, la création d’un comité national de sélection des spectacles se déplaçant dans les villes et assistants aux représentations, appelant dans le même temps à réduire le nombre de troupes pour les prochaines éditions. Et de conclure que tous les prix décernés ont été attribués en suivant des principes éthiques et académiques.