Sid Ahmed Kara, metteur en scène de la pièce « Cri des lions » « Nous avons voulu que le public ne soit pas séparé de l’action scénique »

La pièce « Cri des lions » est la première production du Théâtre régional d’Aïn Defla, Pouvez-vous nous en dire plus sur cette œuvre ?

Cette pièce ne fait pas partie des célébrations du 70e anniversaire de la guerre de libération nationale. Elle est le fruit d’une production de formation avec laquelle nous avons inauguré le Théâtre régional d’Aïn Defla. Cette formation a duré huit mois. En ce qui concerne le spectacle, nous avons voulu proposer une perspective différente de la guerre de libération nationale. Beaucoup ont déjà traité de la Révolution dans leurs œuvres, et nous avons voulu sortir de ce schéma pour offrir un regard nouveau.

Pourquoi avoir choisi de montrer la Révolution sous cet angle ?

Notre Révolution a été populaire par excellence. Des plus jeunes aux plus âgés, dans chaque village et chaque douar, chaque Algérien a joué un rôle. Nos personnages, Saïd, Ahmed et François, symbolisent cette omniprésence des héros dans chaque recoin de l’Algérie, ceux qui ont souvent été oubliés par l’Histoire. Nous avons voulu corriger certaines idées reçues et montrer que cette Révolution, bien que marquée par la douleur et la violence, a aussi été une grande aventure humaine, faite de courage, de solidarité et de détermination.

Vous avez choisi de briser le quatrième mur dans cette mise en scène. Quel rôle cela joue-t-il dans l’interaction avec le public ?

Dans cette pièce, le public a été le 12e comédien de notre spectacle. Le quatrième mur a été délibérément brisé. Nous avons voulu que le public ne soit pas séparé de l’action scénique par une frontière invisible. En intégrant le spectateur comme un comédien à part entière, nous avons effacé cette distance entre la scène et la salle. L’idée était de faire en sorte que le public ne soit pas simplement témoin de l’histoire, mais qu’il se sente impliqué, qu’il vive cette Révolution de l’intérieur. Ce n’est plus un simple regard extérieur, mais une participation active à cette mémoire collective.