La soirée d’ouverture de la 17e édition du Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP) a été marquée par la représentation du spectacle intitulé « 70 sna fi ghramek » (70 ans de ton amour), mis en scène par Mohamed Charchal. Cette création est un hommage aux pionniers du théâtre algérien, qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de l’art dramatique, tout en offrant une rétrospective du répertoire théâtral algérien à travers la restitution d’œuvres immortelles. De nombreuses personnalités artistiques, issues de différentes générations et de toutes les régions du pays, y ont pris part.
Ce spectacle d’ouverture, conçu spécialement pour l’occasion, débute par une évocation de la troupe artistique du Front de Libération nationale (FLN), dont le rôle déterminant dans le militantisme et l’essor du théâtre algérien est incontestable. Il s’est poursuivit par la présentation de scènes emblématiques ayant laissé une empreinte indélébile dans le théâtre et dans la mémoire nationale. Parmi les œuvres évoquées figurent « 132 ans » et « Dem el hob » d’Ould Abderrahmane Kaki, « Les enfants de la Casbah » écrite par Abdelhalim Raïs et mise en scène par Mustapha Kateb, « Galou laâreb Galou » mise en scène Ziani-Chérif Ayad, ou encore « Hassan Terro » mise en scène par Mustapha Kateb, écrite et magistralement interprétée par l’exceptionnel Rouiched.
Ce spectacle a également été l’occasion de rendre hommage à Kateb Yacine, avec des extraits de ses pièces « Mohamed prend ta valise » et « Palestine trahie ». Un hommage à également été rendu à Abdelmalek Bouguermouh, ainsi qu’à Mohamed Boudia et à son engagement pour la cause palestinienne, un combat aujourd’hui plus que jamais d’actualité.
Une attention particulière a été accordée à la metteuse en scène et grande comédienne Sonia, avec un témoignage artistique de Lydia Larini, comédienne ayant beaucoup collaboré avec l’artiste disparue. Le public a pu également apprécier une scène mémorable du monodrame « Fatma », magistralement incarné par Sonia, et repris avec force et profondeur sur scène à l’occasion de cette évocation par la comédienne Nesrine Belhadj.
En cette année 2024, qui marque le triste 30e anniversaire de l’assassinat du grand homme de théâtre Abdelkader Alloula, ce spectacle a mis l’accent sur son héritage. Des extraits de ses pièces « Ladjouad », « El Khobza » et « Homk Salim » ont été présentés, célébrant sa vision, sa créativité et son influence sur le théâtre algérien.
Somme toute, « 70 sna fi ghramek » est un hommage à toutes celles et tous ceux qui ont façonné et continuent de faire vivre l’art des planches, qu’ils soient parmi nous ou qu’ils nous aient malheureusement quittés. Le théâtre algérien demeure vibrant grâce à l’engagement et à la passion de ces artistes, vivants et disparus, qui nous transmettent une part d’eux-mêmes à travers chaque œuvre.
