« Tariq Essaridj » du théâtre régional de Béjaïa Une Révolution forgée dans la solidarité et l’unité

La pièce « Tariq Essaridj » (le chemin de la source), produite par le Théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa (TRB), rend un vibrant hommage à l’esprit de la Révolution algérienne. Écrite par Ali Tamert et mise en scène par Abdelghani Chentouf, cette œuvre présentée le lundi 23 décembre 2024 dans le cadre de la compétition officielle du 17ᵉ Festival national du théâtre professionnel (FNTP), met en lumière la dimension collective de la lutte pour l’indépendance, où chaque membre de la société, des étudiants aux enfants, contribue à l’effort révolutionnaire.

Rachid, le personnage central, voit son existence chamboulée par l’assassinat de sa fiancée par les colons français. Ce drame le propulse dans la lutte armée, motivé par un besoin de justice. Sa détermination le conduit à entreprendre une mission périlleuse : éliminer un haut responsable colonial, incarnation des injustices subies par le peuple algérien. Cependant, son engagement évolue lorsqu’il prend conscience, à travers les échanges avec ses compagnons d’armes, que la Révolution dépasse les motivations subjectives.

La pièce souligne une transition essentielle : de la quête personnelle à l’engagement dans une lutte collective. Une scène marquante incarne cette idée, où un jeune cireur de chaussures offre un revolver à Rachid, révélant que chaque individu, aussi modeste soit-il, joue un rôle dans le combat commun.

La scénographie, pensée par Faouzi Benhimi, joue sur une dualité visuelle forte en divisant la scène en deux niveaux : un espace inférieur incarnant la vie des colons et un espace supérieur représentant les montagnes, bastion des moudjahidine. Cette configuration reflète le conflit entre oppression et résistance, tout en soulignant l’importance des contrastes entre domination et liberté. Le décor minimaliste, dominé par un bloc central, met en avant la verticalité pour symboliser l’ascension et la lutte des personnages.

Les éclairages, placés d’une manière étudiée, créent des lignes horizontales qui structurent les mouvements des acteurs et facilitent les transitions entre scènes et temporalités. Ce jeu subtil de lumière et d’ombre enrichit l’ambiance dramatique et offre une fluidité visuelle, tout en renforçant l’immersion du spectateur dans les moments clés de l’intrigue.

« Tariq Essaridj » ne se limite pas à une commémoration historique ; elle explore les dimensions humaines et sociales de la Révolution. En mettant en avant des figures ordinaires devenues actrices du changement, la pièce rappelle que la liberté est le fruit d’un effort collectif. Elle interroge également les notions de sacrifice et de solidarité, résonnant ainsi avec des enjeux universels.