J’avoue que les textes d’Ahlem Mosteghanemi sont très, très difficiles à mettre sur scène. Ce ne sont pas des histoires continues, mais plutôt des fragments d’idées qu’elle propose. C’est un véritable défi d’assembler ces fragments pour créer une action cohérente, car le théâtre est avant tout une action. Même l’adaptation a nécessité une réécriture pour structurer les actions et clarifier le récit. Rien n’est facile avec ses textes, mais ce défi m’a aussi permis d’explorer des horizons créatifs uniques.
Quels thèmes clés avez-vous voulu mettre en lumière dans cette adaptation ?
Le point central du spectacle, selon moi, réside dans la clarification d’une idée essentielle : la complexité des relations entre la volonté de ne pas dépendre d’un homme et celle de vouloir gérer cette relation. Une femme est toujours capable de gérer des idées, des émotions et des relations. Je suis féministe, mais pas de celles qui rejettent l’idée même de partager une vie avec un homme. Dans cette pièce, nous avons essayé de montrer cet équilibre fragile entre la réalité de sa vie avec son mari militaire – possessif et autoritaire – et ses propres besoins en tant que femme. Elle a besoin d’être aimée, écoutée, et soutenue, tout comme elle se confronte à ses désirs et à ses frustrations.
Comment avez-vous travaillé les personnages masculins, notamment le mari militaire et le journaliste ?
Nous avons cherché à équilibrer les perspectives. Le militaire, bien qu’il apparaisse comme un mari dictatorial, est aussi un homme marqué par la dureté de son métier. Ce n’est pas un rôle facile, tout comme celui du journaliste qui, dans l’imaginaire de l’héroïne, représente une échappatoire et un idéal. Ce que nous avons voulu mettre en relief, c’est le tiraillement intérieur de cette femme entre son rêve, incarné par le journaliste, et la réalité, dominée par son mari. C’est dans cette opposition que se situe toute la richesse émotionnelle de l’œuvre.